Il était une fois une
jeune fille sans désirs.
Elle vivait seule dans
une petite chambre tout en haut d'un escalier étroit. Elle ne
voulait jamais y monter lorsqu'elle était en bas, et jamais en
descendre lorsqu'elle était en haut. Elle avait des amis qu'elle ne
voyait jamais, et un amoureux dont elle oubliait parfois le nom.
Lorsqu'elle avait faim elle mangeait, lorsqu'elle avait sommeil elle
dormait.
La jeune fille était
photographe. Tous les jours, elle sortait de chez elle, son appareil
à la main, et se promenait de longues heures à la recherche de
quelque chose à photographier. Parfois, elle s'arrêtait, hésitait,
puis renonçait finalement, incapable de choisir un sujet, un point
de vue, un cadrage. Aucun choix ne lui semblait mieux qu'un autre,
rien ne parvenait à retenir son attention. En fait, elle n'avait
jamais pris la moindre photo.
Un matin, elle sorti de
chez elle pour sa déambulation quotidienne, et se retrouva un peu
par hasard sur la place du marché. Elle regarda sans vraiment les
voir les étalages, les gens, les maisons. Elle allait repartir quand
tout à coup, quelque chose attira son attention : là, se faufilant
entre les passants, il y avait un crocodile. Un ÉNORME crocodile vert
et brillant que personne ne semblait remarquer et qui disparut
aussitôt dans la foule. Éberluée, la jeune fille accéléra le pas,
cherchant des yeux la trace de l'énorme reptile. Elle fit le tour du
marché sans grande conviction, se disant qu'elle avait rêvé. Mais
il était bien là, tranquillement installé à côté d'un étal de
fruits, ignoré des passants. Elle sorti son appareil et visa, mais
le temps de prendre la photo, l'animal avait repris sa course. Sans
réfléchir, elle s'élança à sa poursuite, bousculant les
grands-mères, renversant les piles de tomates, mitraillant le
reptile de son appareil. Son cœur s'accéléra, la rouge lui monta
aux joues. Elle ne comprenait pas ce sentiment qui la prenait tout à
coup, mais cela n'avait aucune importance. Elle ne pensait qu'à une
chose : courir, et attraper ce crocodile. Elle couru ainsi pendant
près d'un quart d'heure. Puis, comme s'il voulait la semer, il
s'engouffra dans une petite rue passante et s'évanouit à nouveau
dans la foule.
La jeune fille était
essoufflée mais heureuse : elle avait pris des dizaines de photos et
allait pouvoir montrer à tous ce qu'elle avait vu. Elle se sentait
légère, euphorique.Mais en rentrant chez elle, elle se décomposa :
sur aucune photo n'apparaissait la moindre trace de crocodile, pas le
plus minuscule petit bout de queue. « En même temps, se
dit-elle, le crocodile était au ras du sol, masqué par la foule, et
j'avais du mal à le photographier en courant, c'est normal qu'il
m'ait échappé. J'y retournerais ce soir, et je le retrouverais ».
Animée par cette
certitude, elle décida de retourner sur les lieux le soir même. Le
marché se démontait et les rues s'étaient vidées lorsqu'elle
arriva sur la place. Les sens en alerte, elle épiait les alentours,
photographiant la moindre ombre, le plus petit reflet vert qui lui
rappelait le reptile. Elle remonta les rues jusqu'à l'endroit où
elle avait perdu le crocodile de vue, puis les rues suivantes,
inspectant dans les caniveaux, sous les voitures, même parfois en
l'air, dans l'espoir de le voir réapparaître. Ce n'est que quand la
nuit tomba qu'elle consentit à rentrer chez elle, découragée et
perdue.
Mais elle ne put
s'endormir de la nuit. L'image du crocodile passait et repassait dans
sa tête, excitant sa curiosité. Elle regarda toutes les photos
qu'elle avait prises, et les regarda encore, avec l'espoir que tout
s'éclairerait enfin, en vain. Elle ne dormi pas de la nuit suivante,
ni de celle d'après, tant le crocodile la hantait. Elle ne tenait
plus en place. Tous les jours et toutes les nuits, elle errait dans
les rues à la poursuite du mystérieux reptile.
Ce n'est qu'au bout
d'un an qu'elle admit qu'elle avait rêvé. Mais cela ne la rendit
pas triste. Elle a pris des milliers de photographies. Tous les
jours, elle se promène, de plus en plus loin, pleine de désirs
divers.
Invisible, tapi entre
les jambes des passants, le crocodile veille...
Recherches pour un projet que je ne finirais jamais parce que c'est les VACANCES !
Ils ont trop la MEGA CLASSE tes crocos !!! et oui c'est les VACANCES youpii !!!
RépondreSupprimerLe petit texte est de qui ?
RépondreSupprimerDe moi il fallait inventer une histoire sur la trame narrative de Blow Up, avec un artiste qui prend un témoignage du réel, découvre quelque chose dedans, mais la trace comme le réel disparaissent et l'artiste m'a plus que le DOUTE, et après tout c'est bien normal parce qu'interroger le réel c'est son boulot. (Bon film si t'as l'occasion de le voir...)
RépondreSupprimerIl très chouette en tout cas :).
RépondreSupprimerMerci :)
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